Newsletter n°19

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Le grand requin marteau (Sphyrna mokarran)

par Jean-Marie JEANDEL

 

INTRODUCTION

 

Le grand requin-marteau (Sphyrna mokarran) est, à Rangiroa, le supra prédateur des passes de Tiputa et d’Avatoru. Il partage avec le requin tigre le haut de la chaîne alimentaire.

Le mokarran est le plus grand des 10 espèces (Fishbase) de requins-marteaux, c’est malheureusement une espèce menacée.

 

GENERALITES

MENSURATIONS

  • 40 à 55cm à la naissance
  • Taille moyenne 3m, certaines femelles peuvent atteindre les 6m pour 500kgs
  • il pourrait vivre une trentaine d’année.

REPRODUCTION

  • Vivipares
  • les femelles ont une période de gestation de 9 à 12 mois, elles peuvent donner naissance jusqu'à 42 juvéniles qui se développent dans des eaux très peu profondes.

ALIMENTATION

  • plats favoris : raies léopards (Aetobatus ocellatus)
  • autres raies, crustacés, requins, céphalopodes

SOCIABILITE

Vit et chasse habituellement en solitaire.

DESCRIPTION

COULEUR

  • robe marron-gris,
  • ventre blanc.

TETE

  • adulte : tête aplatie, large et  spatulée.
  • Juvénile : tête légèrement courbée qui devient pratiquement droite à l’âge adulte.

NAGEOIRES

  • première nageoire dorsale : longue et falciforme, caractéristique qui permet de le différencier des autres requins-marteaux.
  • seconde nageoire dorsale fait face à la nageoire anale.
  • nageoires pelviennes incurvées.

RANGIROA

SAISON

  • Eté austral (janvier à avril).

SPOTTING

La marche, le plateau aux marteaux, l’angle, l’axe des canyons, les vallées blanches de l’entrée du lagon.

REPARTITION

POLYNESIE

  • Archipels de la Société et des Tuamotu

MONDE

  • Mers tropicales et tempérées du monde

PROLIFERATION

ESPECE CLASSEE EN DANGER PAR L’UNION INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE (UICN)

 


 

La particularité d’une tête aplatie permet au grand requin-marteau :

  • d’augmenter son acuité électro-réceptive,
  • d’avoir une meilleure efficacité dans la détection olfactive,
  • d’accroître la maniabilité en particulier dans des virages serrés,
  • d’améliorer ses évolutions sur le plan verticale,
  • de disposer d’une excellente vision stéréoscopique, il a également la possibilité de voir en même temps au-dessus et en-dessous de lui. L’écartement oculaire lui permet de couvrir un champ de presque 360° (The Journal of Experimental Biology 212, 4010-4018 publié par The Company of Biologists 2009),

 

Le grand requin marteau à Rangiroa

 

INTRODUCTION

Le Grand Requin Marteau est le supra prédateur des abords des passes de Rangiroa mais aussi du lagon. Il domine la chaine alimentaire avec le requin tigre qui est assez peu observé sur l’atoll comparativement au mokarran. Il a  toujours côtoyé les chasseurs sous marins, les plongeurs et les pêcheurs à la ligne notamment lors des périodes de bec de cane (Lethrinus olivaceus). Bien que méfiant et préférant s’écarter, il arrive qu’il puisse s’approcher très près des plongeurs en particulier des plongeurs-recycleurs.
Le Sphyrna mokarran a été victime  de « finning », une carcasse a été retrouvée en 2008 sur le platier de Tiputa (source et photo internet).
Il est aujourd’hui respecté des pêcheurs et attire les plongeurs avertis en début d’année à l’occasion des regroupements de raie léopards.

EVALUATION QUANTITATIVE

L’état des observations du Grand Requin Marteau et sa possible migration ne permettent pas à ce jour d’estimer son abondance.
Les estimations émises par les moniteurs de plongée lors des concentrations de l’été austral varient entre 6 et 10 spécimens qui pourraient évoluer entre les passes de Tiputa et d’Avatoru, en prenant une route « lagon ».
Le segment du récif extérieur entre les deux passes n’étant pratiquement pas exploré quotidiennement par les plongeurs, il n’est pas possible pour le moment de créditer une possible route « océan ».
Il semble que le ratio mâle/femelle penche en faveur des femelles qui sont toujours plus imposantes que les mâles.
Les comptes rendus d’observations ne décrivent pas de juvéniles aux abords des passes et il n’est pas connu de nurserie dans le lagon de Rangiroa.

ZONE D’EVOLUTION

Les zones d’évolution du mokarran dans la passe de Tiputa et aux abords du motu Nuhi nuhi sont à peu près identifiées.
On note :
  • une zone à grande profondeur appelé « le plateau aux marteaux » d’une profondeur de 60 à 40m qui pourrait être un secteur de prédation, tout comme le long de « la marche ». Ces deux secteurs matérialisent l’entrée de la passe de Tiputa et sont des lieux de concentration propices à l’accouplement des raies léopards. En début d’année il est possible d’observer des « vols » de plus de 50 spécimens dans ces zones. La plupart du temps les requins sont observés au fond, épousant le relief. Ils ne montrent pas de signes de nervosité, il est arrivé d’observer plusieurs spécimens dans le même champ de vision (3 au maximum observés en 2014, et plus les années précédentes).

Le graphique 1 montre la relation entre l’abondance des A.ocellatus et S. mokarran. Plus les raies sont présentes plus les chances d’observer le requin marteau est probable.

  • les passages naturels que sont les arrêtes  du relief sous marin en milieu de passe, à proximité de la «grottes aux requins » et les fameux « canyons ». Ils empruntent des routes connues pour leurs richesses en biodiversité. Ces voies de passage sont balayées par les forts courants rentrants qui peuvent aider à la nage des raies manta et léopard, il est commun de voir le Grand Requin Marteau remonter la passe à contre courant,
  • l’intérieur du lagon, le Sphyrna mokarran est observé effleurant le fond dans les longues vallées de sables blanc qui longent le côté est du motu Nuhi Nuhi. Ces vallées sous marines sont des axes de courant rentrant empruntés par les raies manta et léopard, c’est également une zone de pêche des becs de canne et de poissons chirurgiens (Acanthurus xanthopterus).

Graphique 1 : Relation entre la fréquentation des raies léopards et des requins marteaux en 2011 et 2012 (ORP)


INCERTITUDES ET CONCLUSION

L’état des connaissances sur le comportement du Sphyrna mokarran à Rangiroa est faible, tout comme son étude en général.
 Il n’y a pas eu de campagne de marquage qui puisse nous apporter des informations sur ces évolutions en courant sortant, ses zones d’accouplement et nurserie, son comportement et ses actions de prédations la nuit mais aussi en océan et enfin ses éventuel migrations vers les atolls les plus proches ou plus éloignés.

 On ne recense pas d’accident envers les plongeurs ni même les chasseurs sous marins qui restent attentifs à leur présence à Rangiroa et aussi en Polynésie (Attaques et morsures de requins en Polynésie française, Dr Maillaud et Van Grevelynche).

 

 

Annexes

  COMPTAGE ORP RANGIROA

L’association « Observatoire des Requins de Polynésie » (ORP) compte une centaine de moniteurs de plongée professionnels sur le territoire, dont une dizaine  à Rangiroa. Reposant sur leurs observations en 2012 et 2013, respectivement 783 et 858 plongées ont été répertoriées dans la passe de Tiputa, ce qui permet aujourd’hui de fournir les statistiques d’abondance pour le Sphyrna mokarran.

Le remplissage quasi systématique des observations faites en plongée par ces moniteurs donne des résultats très proches de la réalité. A savoir pour ce graphique, que toutes les plongées ont été prises en compte, avec ou sans l’observation des grands requins marteaux.

PHOTOGRAPHIES 2014

FINNING

 « En avril 2006, la Polynésie française décide de protéger tous ses requins à l’exception du requin mako, qui l’est devenu en décembre 2012. Depuis cette date, Tahiti et ses îles sont devenues le plus grand sanctuaire de la planète pour ces animaux. C’est sur un territoire grand comme l’Europe qu’une vingtaine d’espèces se partage (normalement) en toute quiétude les lagons, les passes, les récifs externes et le grand large » (Nicolas Buray – Observatoire des requins de Polynésie).

Image douloureuse des années « finning », prise sur le platier de Tiputa en 2008 (source internet), l’année 2008 reste à être confirmée. Le « finning » a commencé en 2003 à Rangiroa avec la circulation d’affichette montrant comment découper les ailerons et donnant les coordonnées à Papeete d’un acheteur de Singapour (Plongeur International janv 2005). 

CARTOGRAPHIE DES OBSERVATIONS DU SPHYRNA MOKARRAN

 

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